Florette Duvinage & Marie-Line Debliquy

Le faire et ce qu’il révèle.
Ce qui déclenche l’activation des mains, l’exaltation des deux mains, l’ardeur des dix doigts et des trente articulations c’est le premier regard sur un fil.
Le fil appelle le plaisir, un désir de faire. Cette envie c’est de générer quelque chose entre les doigts et voir se métamorphoser le fil en trait, en surface ou en volume. Le temps de la transformation ne compte pas ; un mois, un an, plus…
La mutation est longue et se déroule très près du corps, les bras repliés sous les yeux. Ce que livrent les mains, donne une forme concrète à une parcelle cachée, dissimulée au plus profond de l’être intime, c’est du vécu à ne pas dire.
A la fin, l’objet se sépare du corps et cède face aux profondeurs intimes des autres. Mais est-ce une fin ?

Biographies des artistes:

Florette Duvinage a été formée au sein de la section Design Textile de l’Académie des Beaux-Arts de Tournai. Elle a pu y découvrir les techniques du tissage et du crochet, techniques qu’elle affectionne tout particulièrement et qui sont au centre de son travail personnel. Elle interroge à travers sa pratique artistique les relations entre temps et textile, chaque fil devenant une métaphore de paroles non-formulées. Florette travaille en tant qu’assistante à l’atelier Design Textile de l’Académie des Beaux-Arts de Tournai et, jusqu’à peu, en tant que restauratrice aux ateliers tournaisiens de tapisserie du CRECIT (Centre de Recherches, d’Essais et de Contrôles scientifiques et techniques pour l’Industrie Textile).

Marie-Line Debliquy a été formée  à l’Académie des Beaux-Arts de Tournai chez Alain Winance et Christian Rolet, dans les ateliers de peinture et de gravure. Depuis 1985, Marie-Line Debliquy a beaucoup travaillé autour de l’écriture et du livre en tant qu’objet ; une mise en forme de l’acte d’écrire et de lire. Depuis sa résidence à la Fondation de la Tapisserie de Tournai (TAMAT) en 1998, elle réalise également des œuvres textiles. Elle a également été invitée par le BPS 22 à faire une installation intitulée « Les Boules de sainte Adèle » (Recevoir une boule de sainte Adèle soulage des manques de chaleur et des trous dans la vie). 

À l’origine de ses productions récentes, il y a des questions liées à l’enfance et à la famille. L’âme des choses est le moteur de ses créations : chaque objet conçu est chargé d’un pouvoir évocateur, déclencheur de souvenirs, d’histoires, vécues peut-être… Aux détours, il y a aussi l’amour, qui commence ou qui blesse, celui qui passe par les chemins tracés entre un homme et son épouse, entre une mère et sa fille, entre un frère et une sœur, … Avec un fil, enroulé, noué, crocheté, tricoté ou brodé, Marie-Line Debliquy crée des surfaces, parfois des volumes. A l’intérieur de ses ouvrages, elle dépose une chose impalpable, le lien avec soi, le lien avec l’autre, avec l’univers.