L’homme qui écoutait battre le cœur des chats

Dans ce spectacle adapté de son nouveau roman et de l’album éponymes, écrit et chanté du point de vue de ses chats, Mathias Malzieu transforme le drame personnel de la fausse couche de sa compagne en un récit félin, poétique et musical. Vous rencontrerez également des fantômes dans ce spectacle (avec la voix d’Alice on the roof). Il y aura des musiques cinématographiques, jouées par Mike Biky (guitariste de Dionysos) et bien-sûr les chansons qui font écho à l’histoire et la font avancer. Des revisitations de madeleines de Proust (The Doors, Johnny Cash), des plaisirs un peu plus coupables comme Lady Gaga ou Claude François… Chaque spectacle distillera son lot de surprises. Une petite télé grandeur nature, une boîte magique pour raconter une histoire comme seul Mathias en a le secret. Une création atypique, riche en émotions.

Extrait de l’interview de Mathias Malzieu à Ouest France:

A retrouver dans son intégralité ici: Écoutez les chats raconter cette histoire, vous sentirez battre le cœur de Mathias Malzieu

Dans L’Homme qui écoutait battre le cœur des chats, Mathias Malzieu partage le deuil de l’enfant qui n’est pas venu, du point de vue de ses animaux de compagnie. Un roman poignant, devenu disque et spectacle, dont l’écrivain nous livre les ressorts créatifs.

Le printemps a beau être arrivé, le sapin de Noël brille encore de mille feux. Entre une séance de dédicaces et une répétition, Mathias Malzieu décompresse sur son canapé, en compagnie de Daria Nelson, fée aux cheveux bleus qu’il vient d’épouser. Chacun cherche son chat et June et Tornado ne tardent pas à rappliquer pour récolter les caresses.

C’est à eux que le chanteur-poète-écrivain-cinéaste a confié le rôle de narrateurs de son nouveau roman en forme d’autofiction. L’Homme qui écoutait battre le cœur des chats (Albin Michel) reprend le fil de La Symphonie du temps qui passe , conte musical dans lequel le couple confiait son désir d’enfant foudroyé par une fausse couche suivie de maltraitance gynécologique.

Dans le huis clos d’une péniche posée sur un bras de Seine, les deux félins ont été les témoins de l’après. Le temps du deuil, de la reconstruction et des incompréhensions. À 50 ans, « le vieil enfant » est « loin d’être prêt pour la paternité » mais y pense nuit et jour quand son amoureuse trentenaire ne veut plus « du tout » entendre parler de bébé. « J’ai passé deux ans à ne pas écrire ce livre, énonce Mathias Malzieu. La première version s’intitulait Réparer l’enfant, c’était très dur, trop dur, sans recul. Un livre tellement engagé qu’il n’était plus engageant. »

Le chanteur du groupe de rock Dionysos a alors choisi de donner sa langue aux chats. Sa poésie, son sens de l’autodérision et de la métaphore, aussi. June et Tornado, qui se nourrissent de journaux, livres et vinyles, se prélassent au milieu des fantômes de Gaston/Macha, l’enfant qui n’est pas venu.« Les chats nous ont fait du bien dans cette période et m’ont permis de prendre la distance nécessaire. Dans le roman, ils amènent une forme de légèreté et beaucoup de profondeur. »

Ce n’était pas prévu mais L’Homme qui écoutait battre le cœur des chats est devenu un disque de reprises, préparé avec Mike Ponton, le guitariste de Dionysos. Comme dans le roman, The Doors et Johnny Cash y côtoient Brassens, Aznavour, Piaf, Lady Gaga ou Claude François. « Un mélange de madeleines de Proust absolues et de plaisirs semi-coupables en guise de pas de côté joyeux », résume Mathias Malzieu, qui partage plusieurs duos avec Daria Nelson, dont Bad Romance et Magnolias for Ever. « C’était un vrai challenge, dans un temps limité, et Mike a trouvé des arrangements incroyables », témoigne la chanteuse, qui a encouragé son mari à en faire un vrai spectacle.

Sous les traits d’un chat dessiné par Le Turk et animé par Christophe Albertini, Mathias Malzieu chante, lit et interagit avec l’écran géant en fond de scène. « En jouant de temps en temps avec des personnages, en les faisant évoluer ou en en inventant d’autres, en fabriquant de nouveaux terrains de jeu et en sachant, à des moments, faire silence, je continue d’apprendre », dit-il.

Propos recuillis par Morgan KERVELLA