Léon

Fantasmagorie silencieuse d’une vieille marionnette, Léon s’inspire de différentes techniques marionnettiques. Dans un petit appartement de banlieue réside Léon, un personnage taciturne et fort âgé. Depuis plusieurs années, il y vit seul et rêve désespérément de recréer des liens. En préparant le repas, Léon se perd, par moments, dans des visions fantastiques folles, où tout ce qui paraît inerte autour de lui prend vie, lui redonnant de plus en plus de vitalité et d’émotions. Ce va-et-vient permanent entre une réalité morose et un imaginaire radieux ne rendra que plus violent son ultime retour à la solitude. Ce premier projet du collectif liégeois Le Quartête aborde sans parole mais avec humour et magie l’isolement et la solitude des personnes âgées.

Note d’intention des artistes:

Nous sommes frappé·e·s de voir combien nos aîné·e·s sont les plus touché·e·s par la solitude. La mort du conjoint, le sentiment d’inutilité imposé par notre productivisme, la peur de devenir un fardeau dans un monde ultra connecté et individualiste, sont des facteurs qui peuvent pousser les personnes âgées dans l’isolement et l’exclusion. Au-delà de la solitude, ils sont catégorisés comme inutiles, oubliés, on leur refuse presque le droit d’exister à part entière. D’un autre côté, la société du spectacle se veut toujours plus technologique, spectaculaire, immédiate et aliénante, inhibant notre perception sensible et fine du monde et du vivant. De ces constats est née notre volonté de monter le spectacle de marionnettes Léon, dans un processus de création horizontal et collectif. Son histoire conte la solitude d’une personne âgée qui ne peut rien attendre du présent, comme déjà morte, et qui, pour vivre, n’a plus que la réalité de ce qui l’entoure et son imagination qui peut tout transformer. Sa forme, quant à elle, par l’absence de musique enregistrée et de dialogue, œuvre à stimuler les sens de façon singulière, à l’antipode de la surabondance et de la frénésie d’informations que notre société capitaliste véhicule. Ces excès omniprésents étant d’autant plus visibles et nuisibles chez les nouvelles générations, c’est pourquoi nous décidons de nous adresser en premier lieu à un public d’enfants, qui subit en permanence ce rythme effréné dans son développement. Dans sa solitude et par sa quête permanente de lien social, Léon nous embarque dans son rêve, qui est d’agir de nouveau avec le monde, et l’adverbe « avec » a toute son importance. Avec ce qui l’entoure, il n’est pas dans un rapport de domination, d’efficacité, ni de production. Au contraire, dans ses projections extra-ordinaires, tout interagit : légumes, radio, casseroles, nous rappellent toute la vie qui est autour de nous mais que, la plupart du temps, nous ne voyons pas. Tout se dédouble, agit, se voit agir, une illusion vitale traduisant un besoin d’amour et de partage, au plus juste qu’il se peut.
Mais qui agit ? Et sur qui ?