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25/26 – Cri d’Alarme #4

CRI D’ AL«ART»ME # 4

Si ce n’était pas si grave ça en deviendrait comique, cri d’al«art»me # 4 ! On en viendrait presqu’à appeler ça cri d’a«larme» parce que malheureusement, nous savons que ce ne sera pas le dernier…

 

Ce 14 octobre, nous ne réclamons pas des miettes, nous exigeons qu’on cesse de confondre économie et valeur et que les politiques comprennent enfin que la culture est aussi vitale que l’eau, l’air, l’éducation, la justice ou la santé.

 

Parce que la Culture et l’Art ne soignent peut-être pas les corps mais ils soignent ce qu’il en reste ; ils ne bâtissent pas des routes mais ils relient les êtres ; Ils ne vendent rien, ils révèlent ; Mais bien sûr tout cela est dangereux et « incalculable » donc pas très rentable. L’Art met au travail les matières, les formes, la langue… il met en jeu et bouge notre rapport au monde, notre imaginaire, nos perceptions convenues par le travail intellectuel, le sensible et le sensoriel. Il permet à chacun de se forger ses propres représentations en faisant trembler celles convenues. Il fait craquer l’ordre établi, fait ressentir sa non-inéluctabilité. C’est pour cela qu’il est liant à ceux et celles qui veulent faire craquer le monde.

 

Si on se (sou)lève à nouveau ce n’est pas seulement pour réclamer un pourcentage du budget, ou de ne pas raboter certains subsides mais pour rappeler que l’Art n’est pas un hobby de privilégiés, qu’il est la respiration d’un peuple, le contre-pouvoir du monde marchand, le rempart contre la bêtise organisée, la pensée unique et le repli sur soi. La Culture n’est pas une ligne budgétaire : c’est un lien vital. Elle ne produit pas des profits : elle produit du possible ; Elle n’appartient ni à un parti, ni à un marché, elle appartient à celles et ceux qui la font vivre chaque jour, malgré tout ; Elle est une urgence démocratique, une manière de respirer ensemble, de dire “nous” quand tout pousse à dire “moi”.

 

Culture en danger ? On savait tout cela. Mais, mis bout à bout, les témoignages font peur. La Culture est en grand danger face aux sacrifices budgétaires, aux menaces de réforme APE, à la suppression des articles 27 et j’en passe et pas des meilleures ! Au-delà du massacre de vies humaines et sociales, de savoirs et de compétences, des possibilités d’émancipations individuelles… avec cette attaque massive de l’Art et de la Culture, c’est notre possibilité de nous représenter le monde qui est dans le collimateur.

 

J’entends déjà les détracteurs dire que la Culture est un luxe pour quelques privilégiés. A ceux-là je veux répondre, venez dans nos salles constater par vous-mêmes que c’est faux, et leur rétorquer que les artistes et les travailleurs de la Culture sont des travailleurs à part entière. Que la Culture est aussi une industrie. Qu’elle alimente une chaîne économique partout sur le territoire.

 

Il faut cesser de croire que la Culture est une coquetterie de marginaux, qui rapporte peu et ne vaut pas grand-chose. S’il faut vraiment poser la question en termes économiques et l’amener sur ce terrain : ça coûte un peu cher, mais ça rapporte gros, socialement et économiquement. La culture produit de l’invisible essentiel quand beaucoup d’industries produisent du concret annihilant.

 

Et il faut surtout se poser la question du rôle de la culture en temps incertains. Le véritable ciment de l’identité est la Culture, c’est ce qui nous distingue. Les États-Unis l’ont bien compris, faisant de la leur LA culture occidentale de référence. C’est leur soft power, l’arme qui pénètre les cerveaux, désirée par tous, forcée par les algorithmes et les plateformes numériques.

 

Notre culture pourrait devenir notre bouclier. Car il faudra nous protéger pour ne pas disparaître.

 

J’emprunterais les mots de Martin Faucher, directeur artistique et metteur en scène québécois, pour conclure ce CRI :

 

“Nos scènes, nos romans, nos écrans, les murs de nos musées sont des remparts pour contrer la bêtise humaine. Les lieux de l’imaginaire sont de formidables tremplins pour ranimer l’espoir.”

 

 

Florence Cartelet-Avon

Pour l’équipe du CCM

25/26 – Cri d’Alarme #4
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